Communiqué de presse du 21 mars 2022

Le Grand Conseil a soutenu notre pétition vendredi dernier, le 18 mars, à une large majorité de 60 voix contre 21 !
Et le RD 1407-A a été renvoyé au Conseil d’État.

Le Grand Conseil a soutenu notre pétition vendredi dernier, le 18 mars, à une large majorité de 60 voix contre 21 ! Et le RD 1407-A a été renvoyé au Conseil d’État.

Genève, le 21 mars 2022

Notre pétition, soutenue par l’Association des logopédistes indépendants genevois (ALIGE), le SSP-Genève, section enseignement et la coopérative itopie,

« Numérique à l’école primaire : le coup de tablette magique ?
Demande de moratoire au sujet du projet du DIP – État de Genève
de formation par le numérique à l’école primaire »

a reçu un large soutien auprès du Grand Conseil vendredi dernier, récoltant 60 voix « pour », et 21 « contre », suivant ainsi l’avis de la Commission des pétitions qui avait soutenu la pétition avec 10 voix « pour » et 1 voix « contre ».

L’association RUNE-Genève, Réfléchissons à l’Usage du Numérique et des Écrans, questionne le projet du DIP de l’Etat de Genève de formation par le numérique à l’école primaire.
Le besoin est-il avéré ? Les bénéfices sont-ils supérieurs aux coûts et aux risques en tenant compte des aspects pédagogiques, sanitaires, économiques, écologiques, éthiques et de la protection des données ?

Le Parlement n’a pas suivi les recommandations de la Commission de l’Enseignement (RD 1407-A) de prendre acte du Rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur le programme numérique à l’école – RD 1407, un rapport soutenu en Commission par seulement 6 commissaires sur 15 (9 abstentions). C’est par un vote serré que le RD 1407-A a été renvoyé au Conseil d’État par 34 « oui » et 31 « non ».

L’association « Réfléchissons à l’usage du numérique et des écrans – RUNE-Genève », née le 5 juillet 2021, constituée de professionnel·le·s (enseignant·e·s, logopédistes, ergothérapeutes, orthoptistes, médecins, ingénieur·e·s, informaticien·ne·s…), et de parents d’élèves, se réjouit de ces derniers résultats. A l’heure où les problématiques liées à l’attention et à la surexposition des enfants aux écrans émergent dans le débat public, ces derniers démontrent en effet que la question de l’introduction par le numérique à l’école primaire nécessite une réflexion approfondie, loin des diktats de l’industrie du numérique ou de la crainte de « manquer le virage numérique ».

L’école a pour mission de former des élèves à l’acquisition de compétences fondamentales comme la lecture, l’écriture ou les mathématiques, ainsi que de favoriser la créativité et les compétences sociales.

De passage en Suisse en janvier dernier, Andreas Schleicher, directeur de la Direction de l’éducation et des compétences pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’organisme responsable des études PISA qui comparent et mesurent les performances des systèmes éducatifs dans près de 80 pays, a expliqué que « les résultats d’apprentissage pour les jeunes de quinze ans fréquemment exposés à la technologie en classe sont négatifs » : procéder à des simulations digitales en classe, faire ses devoirs sur l’ordinateur de l’école ou poster son travail sur son site, utiliser des applications et des messageries, toutes ces tâches auraient une mauvaise influence sur l’apprentissage.

Selon le directeur, « l’acquisition par chaque enfant de compétences de base en compréhension de l’écrit et en mathématiques semble bien plus utile pour améliorer l’égalité des chances dans notre monde numérique que l’élargissement ou la subvention de l’accès aux appareils et services de haute technologie ».

Pour rappel, l’association RUNE-Genève soutient l’accompagnement au numérique et l’éducation au numérique à un âge adapté.

L’accompagnement au numérique à l’école primaire devrait être au centre du programme mis en place par le DIP et ne nécessite aucun équipement. Les tableaux blancs interactifs installés dans les classes dès la 1P dans les nouvelles écoles ou au bon vouloir des communes, et la mise à disposition de tablettes dès la 1P (lot de 4 tablettes par classe) questionnent.

L’éducation au numérique peut se faire sans aucun matériel numérique spécifique jusqu’en 6P, et l’éducation aux médias, comme le travail de recherche, l’initiation au travail sur les sources et sur les droits d’auteur, peuvent se faire avec des ordinateurs portables mis à disposition dans les établissements.

L’association RUNE-Genève base ses observations et ses interrogations sur des arguments provenant d’études scientifiques. Les informations communiquées sont également étayées par la pratique professionnelle de certains de ses membres ou des témoignages de parents d’élèves. La pluridisciplinarité des membres de RUNE-Genève permet de porter un regard croisé et non sectoriel sur la thématique complexe du numérique.

En toute cohérence avec notre pétition, RUNE-Genève appelle depuis l’automne 2021 les Député·e·s du Grand Conseil :

  • à valider en Assemblée le soutien des Député·e·s de la Commission des pétitions à notre demande de moratoire – P 2119 ;
  • à renvoyer le Rapport sur le programme numérique à l’école – RD 1407 au Conseil d’État ;
  • à refuser le projet de loi – PL 13011 du fait qu’il inclut des aspects concernant le financement de matériel pour enseigner par le numérique à l’école primaire ;
  • à demander au Conseil d’État un rapport détaillé sur la situation actuelle du numérique à l’école primaire ;
  • de mettre en place une politique publique de prévention des risques liés à la surexposition aux écrans ;
  • de renforcer l’acquisition de la lecture et de l’écriture pour favoriser une bonne insertion sociale et de garantir une école publique de qualité axée sur les interactions sociales des élèves, favorisant les liens avec la société et la nature ;
  • de choisir des solutions informatiques locales garantissant la protection des données.